Qui s’envole à tire d’ailes…

Qui s’envole à tire d’ailes…

Et ce n’est pas une, mais bien trois tourterelles, qui s’envolent à tire d’ailes au dessus du golfe de Gascogne pour des vacances d’hiver (ou d’été austral, au choix) au soleil !

Jeune tourterelle des bois équipée d’un GPS OT3 (3,5g)/ Crédit photo : Stephan Tillo/MIGRALION
Départ en migration postnuptiale de 3 tourterelles des bois équipées de GPS en 2024 en Charente-Maritime (2 individus) et en Bretagne (1 individu qui a fait halte en Charente-Maritime !)

La tourterelle de l’île de Ré (en rouge sur la carte, trajet le plus à l’est), a traversé le sud du Golfe de Gascogne a une vitesse d’environ 80km/h et une altitude comprise entre 50 et 200m, soit, à hauteur de pâle d’éolienne (il n’y a pas d’éolienne en mer à l’heure actuelle dans cette zone).

J’ai dit qu’elles partaient en vacances ? peut-être pas tant que ça. Si l’interdiction de la chasse à la tourterelle des bois a bien été reconduite en France jusqu’en 2025, l’espèce est toujours « chassable » et c’est le cas dans plusieurs pays d’Europe et dans les pays au sud de la Méditerranée. L’impact de la chasse légale mais aussi du braconnage, sur les sites de passage des tourterelles, sur leur site de halte migratoire et d’hivernage (en Afrique sub-saharienne) est difficile à quantifier et s’ajoutent aux problématiques cruciales de destruction de leurs habitats sur l’ensemble de l’aire de répartition (voir cet article scientifique sur la chasse, et celui-ci sur les habitats). Le déclin important de la population de tourterelle des bois en Europe noté depuis les années 80 (80% !), et même sa quasi disparition dans certains pays ou régions (au Royaume-Uni par exemple) a conduit à classer l’espèce comme vulnérable (en France et en Europe), elle est sur la liste rouge européenne (fiche technique OFB). Ces alertes sont suivies depuis quelques années de mesures de conservation ou de réhabilitation des habitats et de régulation de la chasse en Europe de l’ouest qui contribuent à limiter les menaces sur cette espèce.

Quelques articles scientifiques à l’appui : Lormée et al. 2019de Vries et al. 2021

En 2024 a aussi été lancé le programme HABITRACK, mené par le Muséum National d’Histoire Naturelle et de nombreux collaborateurs européens et qui s’intéresse aux domaine vitaux des espèces migratrices gibier en France. Tout comme pour MIGRATLANE, le programme HABITRACK fera appel aux technologies de GPS embarqué sur les oiseaux pour déterminer, entre autres, les menaces qui pèsent sur une quarantaine d’espèces d’oiseaux gibiers et proposer des recommandations aux pouvoirs publics pour améliorer la conservation de ces espèces et de leurs habitats.

Le programme HABITRACK aura bientôt son site internet, vous serez tenus au courant !

En attendant, espérons que « nos » tourterelles MIGRATLANE franchissent sans encombre les obstacles anthropiques et géographiques qui les séparent de leur sites d’hivernages, à commencer par la Méditerranée et le Sahara ! On attend leur retour au printemps prochain pour découvrir leur périple (leur GPS ne communiquent plus hors de l’Europe). « Le temps passe, Ce n’est rien… » comme dirait Julien Clerc qui m’a offert le titre de cet article !