La pêche aux canards

La pêche aux canards

Comme annoncé dans la dernière news, l’équipe MIGRATLANE est sur le pont, littéralement ! La semaine autour de la nouvelle lune a été mise à profit par l’équipe de terrain, composée de Fanny, Yannig, Sophie, Léo et même Julie (programme HABITRACK) en renfort sur une nuit, pour tenter de capturer des oiseaux marins hivernants. Équipé.e.s de leurs plus chauds et imperméables habits, les bagueurs et bagueuses ont bravé la houle du Morbihan à bord de l’Emeraude Explorer, le navire semi-rigide de la station marine MNHN de Dinard (CRESCO) et avec son pilote, Julien, désormais expérimenté dans la pêche aux canards !

L’Emeraude Explorer à Port Haliguen, son pilote Julien, les bagueuses Fanny et Sophie ainsi que Léo Denoual, aide-bagueur pour l’occasion et venu participer à sa première session de capture. Photo : Yannig Coulomb.

L’équipe OFB de la RNCFS du Golfe du Morbihan s’est également rendue disponible une nuit pour venir en renfort et faire 2 équipes, un grand merci à eux, Jérôme Cabelguen et Pierre Manzy, excellents pêcheurs de guillemots.

Le bateau de la RNCFS du golfe du Morbihan et son équipage OFB venus en renfort. Ils ont embarqué Julie et Yannig pour chercher des oiseaux du côté de Belle-Ile et Houat. Photo : Malwen Le Doare

Au départ de Quiberon (Port Haliguen), l’équipage a sillonné la mer et la nuit pendant des dizaines d’heures, 5 nuits durant, à la recherche de cibles potentielles, du nord de la Presqu’île et jusqu’à l’île Dumet. Les conditions de mer étaient parfois un peu mouvementées et/ou pluvieuses. Léo (ingénieur en charge des analyses des données de migration), pour sa première expérience de capture, a pu tester pour vous l’efficacité de la nautamine contre le mal de mer ! Pour rester en sécurité, les sorties sont adaptées à la météo en visant des zones abritées quand c’est possible ou sont carrément annulées quand le vent ou les vagues ne permettent pas de naviguer et de capturer les oiseaux dans de bonnes conditions.

Enfin, le plan, pourtant parfait (évidemment !), a été mis en l’air par le caprice d’un moteur qui, voyant tous ces plongeons catmarins la dernière nuit, a décidé de nous lâcher. Heureusement, le zodiac tourne sur 2 moteurs. Il a fallut 2 heures à l’équipage pour rentrer à terre sur un seul moteur encore vaillant après avoir mis un terme précoce à la mission. Il n’y a pas que sur le Vendée-Globe que les marins ont des avaries en ce moment.

Au final, la récolte en eiders et en pingouins n’a pas été bonne mais les guillemots étaient bien présents, 11 d’entre eux sont repartis avec une balise GPS de 9g sur le dos ainsi qu’un plongeon catmarin.

Sophie s’apprête à relâcher un jeune plongeon catmarin équipé d’une balise GPS OT10 de 10g. Photo : Fanny Rey.

Le jeune plongeon catmarin en question, après quelques jours, a décidé que l’eau était sûrement plus bleue ailleurs, de l’autre côté de la Manche plus précisément, comme le montre son trajet ci-dessous. Plus surprenant encore, il semble avoir traversé les terres pour couper à travers la Bretagne. C’est la 2ème fois que nous observons ce comportement de très probable vol au dessus des terres (une fois en 2023 avec un plongeon arctique). Pas si étonnant si l’on se rappelle que les plongeons sont des oiseaux aquatiques mais peuvent fréquenter les lacs et nicher complètement dans les terres lors de la période de nidification.

Trajectoire d’un jeune plongeon catmarin équipé d’un GPS près de l’île Dumet (Morbihan) le 29/11/24 et qui s’est rendu en Irlande quelques jours plus tard en traversant la Bretagne. Données brutes MIGRATLANE – ne pas utiliser, ne pas reproduire.
Léo relâche un guillemot de Troïl équipé d’une balise GPS. Léo n’avait jamais manipulé d’autres oiseaux que les poules de son jardin, une grande première pour lui ! Photo : S. de Grissac.

Pour trouver les oiseaux en mer, nous utilisons un phare puissant mais surtout des jumelles thermiques qui permettent selon les conditions météorologiques de détecter un oiseau à 100m (brouillard, pluie) et jusqu’à plus de 500m. Ci-dessous un aperçu de ce que l’on voit dans les jumelles avec cette vidéo de relâché d’un guillemot.

Et une fois équipés, les oiseaux sont suivis à la trace grâce à leur GPS et font de beaux dessins autour des îles bretonnes ce qui permettra de mieux cerner leur comportement et leur distribution hivernale, notamment au regard des futurs développements de l’éolien en mer.

Déplacements en mer de 11 guillemots de Troïl équipés de balises GPS entre le 27/11 et le 02/12 2024. Données brutes MIGRATLANE – ne pas reproduire ou utiliser.

Pour finir, un grand merci également aux 2 volontaires qui ont aidé à repérer les sites favorables grâce à leur connaissance du terrain : Guillaume Bruneau, Malwen Le Doare et l’équipe locale des gardes du littoral.

Prochaine session fin janvier !